11 mars 2009

Ça ouvre les yeux... trop grands!

De métier, je suis éducatrice spécialisée, ayant gradué en 2000. Je n'ai exercé ce joli métier qu'une toute petite année, en milieu scolaire, avec des enfants de premier cycle présentant des troubles de comportement et d'apprentissage.
Je n'avais pas encore d'enfants, à ce moment-là, je ne pouvais donc pas savoir ce que cette "vie différente" impliquait, en-dehors des heures de classe. Je n'avais pas d'attachement profond pour ces enfants, ce qui me permettait d'agir face aux crises de façon relativement neutre.
J'étais la professionnelle, tentant d'aider à l'intégration. Travaillant mi-temps pour intégrer l'enfant à la routine de l'enseignant, et mi-temps à adapter l'enseignant au style d'apprentissage de l'enfant. 

J'ai par la suite fait presque 2 ans de garderie, avec des groupes de 3-4 ans, puis un groupe de 18-24 mois. Je ne pouvais donc faire aucune comparaison avec mes élèves en difficulté d'autrefois. Encore moins avec des enfants que j'aurais élevés moi-même et vus grandir et évoluer.

Ça m'a donné une connaissance générale de l'enfant moyen.
Oui, j'avais bien sûr une petite puce, dans mon groupe de 4 ans, qui avait de la difficulté à descendre les escaliers, qui ne dessinait pas des formes concrètes et qui s'exprimait difficilement. Avec du recul, elle me fait drôlement penser à ma doudoune.
Oui, j'ai bien eu une petite fille qui me défiait toujours, voulait tout contrôler, que ses parents qualifiaient de "princesse", sous tous les sens du mot. Avec du recul, elle me fait drôlement penser au fils d'une bonne amie.

Mais je ne voyais que quelques heures par jour. Un enfant, qui m'était "prêté" le temps d'une année, 5 jours par semaine, en moyenne 7-8h par jour. 

Maintenant, j'ai des enfants à moi. Je côtoie aussi les enfants de mes amies, d'âges variés, allant du bébé naissant à la belle adolescente de 13 ans. J'ai suffisamment de variété pour avoir un peu de tout, de l'enfant surdoué en sport, à l'enfant sage et conciliant, à celui qui souffre d'un manque affectif suite à une séparation dont on ne connaît pas tous les détails jusqu'à celui ayant été diagnostiqué avec un trouble oppositionnel. Du plus "normal" à celui plus "différent", j'ai de tout. Et j'essaie de ne pas comparer.

Parce qu'en 2 essais, j'ai aussi créé deux petits êtres totalement différents.
Ils sont formidables, chacun à leur façon. Non, je ne suis pas objective, mais je crois avoir mérité 2 des plus splendides et fascinants specimens.
Juste dans ma maison, j'ai une belle variété de forces et de faiblesses. J'ai un modèle plutôt dans la norme et un modèle différent. J'aime le défi de gérer les 2, sur la même ligne.

Mais je remarque que j'ai, avec l'expérience du travail, ma vie sociale et mon vécu personnel, une connaissance élargie des enfants qui m'obligent à tous les voir d'un oeil différent. 
J'ai longtemps dit, après l'évaluation multi-disciplinaire de ma fille, que si tous les parents faisaient subir cette batterie de tests à leurs enfants, 90% ressortiraient de là avec un diagnostic. On a des noms pour tout, maintenant, même pour la différence qui autrefois n'en était pas une. Et connaître une si grande variété me pousse maintenant à voir des diagnostics sur des enfants dont les parents ne soupçonnent rien du tout. 

Je n'ai pas aimé l'idée d'aposer une étiquette à ma fille. Sauf que, même si ça ne se guérit pas, le savoir nous a ouvert les yeux et a démystifié la plupart de ses réactions. Quand je vois un parent se débattre avec le développement de son enfant, peu importe dans quelle sphère, je me dis toujours que... "s'il savait, il travaillerait peut-être avec des outils différents".

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour :)

Je viens de faire un tour sur ton site. Je crois que j'ai du temps à rattraper en lecture !!

C'est un simple petit mot pour te dire que ce texte fait beaucoup d'échos par chez nous. Avec mes deux enfants diagnostiqués TDAH et Tourette (alors qu'ils sont également si différents), cela me donne une toute autre perspective sur mon métier, qui est d'enseigner. Je tente de transmettre un peu de ces nuances, apprises au fil de l'expérience parentale, à mes étudiantes qui auront à travailler avec des parents et des enfants différents.

Oui, les étiquettes ont leur défaut - celui de simplifier une réalité complexe notamment. Mais en tant que parent, l'étiquette joue également un rôle fondamental : déculpabilisation, compréhension, solidité et stabilité. Des bases plus sûres pour avancer et mieux guider notre enfant.

Bon courage pour la suite !
Morgane

Mystère... a dit...

Bonjour,

je commence tout juste à lire ce blog-ci trouver par hasard chez une autre bloggueuse. Je cherchais des témoignages de parents vivants avec des enfants "différents" et ça court pas les rues disons !

Je suis maman de trois enfants.. d'un garçon de 2 ans et demi diagnostiqué Autiste et une grande de 4 ans en démarche possibilité de TED léger.. mais pas certain encore..

Tu dis que tu as longtemps dit penser que 90% des enfants ressortiraient avec un diagnostic ... tu as toujours ce feeling là aujourd'hui ? Moi ce n'est pas un feeling que j'ai eu. Au contraire j'ai confiance en l'équipe qui a/va évalué mes enfants... je ne crois pas que des diagnostics lorsque c'est bien posé soit fait inutilement.

Pour revenir au message d'origine je suis d'accord ça nous ouvre les yeux pas juste sur nous mais sur ce qui nous entoure...

Je ne sais pas si je peux laisser l'adresse de mes blogs ici ?

Mère Poule a dit...

T'as tellement raison...

J'Espère juste que tu oseras le dire à ces parents dont tu soupçonnes quelque chose envers leur enfant. Parce que quand c'est pas évident, on voit pas toujours.

ET moi, j'aimerais le savoir. Même si ça passerait drôle dans la gorge, sur le coup.

;)

Lilia a dit...

Je crois que tu as raison. Il existe d'innombrable étiquettes pour les enfants maintenant.

Selon la pédiatre, Philippe présente un "caractère fort d'opposition". Ça aide dans un sens de le savoir, car on comprend plus, après, pourquoi les outils "tradtionnels" ne fonctionnent pas avec notre enfant. Ça permet de réajuster notre tir et d'essayer d'autres outils. Ce n'est pas facile avec mon fils : côté discipline, y a pas grand chose qui "collent" avec lui! ;-)

MC a dit...

Absolument ! Mes 2 enfants ont passés des test et en sont sortis avec les même résultats, TDA. Sauf que moi je n,y crois pas. S'il le saurait vraiment comme je dis sur mon site, les notes à l,école ne se siturai pas dans les 90% et +.

Érézia a dit...

Je suis aussi en démarche pour fiston extra et j'ai créé un blog pour écrire sur la différence.

J'ai donc chercher des blogs qui abordent la question et j'ai découvert cette vie de doudoune que j'aime beaucoup lire.

Mon métier touche aussi à l'enfance en difficulté, mais dans les démarches actuelles, j'ai prit une pause.

Déjà, à la garderie, je trouve ça difficile par moment. Je n'ose pas penser à la maternelle...et encore moins aux décisions qui seront prises "pour son bien" *tousse tousse*