13 décembre 2013

Verdict: coupable.

Impossible d'écouter ce que les autres ont à dire.
Je me raisonne. Ça n'aurait peut-être rien changé. Peut-être que si. Mais on ne peut pas savoir.
Je ne serai jamais condamné, parce qu'il n'y a pas de preuves.

Et pourtant, je me condamne moi-même.

Pourtant, je regrette.

Et en regrettant, je regrette de regretter.

Parce que sans elle, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui.
Parce que sans cette petite parcelle de ciel dans ma vie, je ne sais pas ce que ma vie aurait été dans les 10 dernières années.

Elle est, et sera toujours, ma magicienne.
Elle est celle qui change le noir en bleu et toutes les autres couleurs en rose.

Elle est ce que j'ai de plus précieux, tout en étant ce que j'ai de plus lourd.

Parce qu'il ne se passe pratiquement pas une journée sans que j'y pense.
Et si j'avais su que j'étais enceinte avant? Si je n'avais pas consommé ces verres de vin et ces drinks à un party de fête alors qu'elle grandissait dans mon ventre et que je ne le savais pas?
Et si... et si j'avais pris la décision fatale, de peur de payer pour mes erreurs inconscientes?

Je lui aurais certes épargné d'avoir une vie si difficile.
Je nous aurais épargné de vivre deuil par dessus deuil...
Mais je nous aurais aussi privé de la plus merveilleuse petite poussière d'étoile que je n'aie jamais rencontrée.

Ce serait mentir que de dire que je ne me suis jamais dit "j'aurais dû..."
Parce que je me sens coupable. Parce que personne ne me donnera jamais la réponse à ma question.
Personne ne me dira jamais si c'est de ma faute ou pas si ma fille est comme ça.

C'est peut-être mieux ainsi. S'il fallait que je le sois, coupable... Je ne vivrais pas bien avec cette réponse.

On ne me la donnera pas. Et je me répète que j'ai pris la bonne décision, parce qu'elle m'a permis de mettre au monde cette fantastique petite merveille aux yeux verts et aux boucles d'or.

Mais dans mon coeur de mère, la culpabilité y est pour toujours.
Je l'atténue avec des douceurs, avec des fiertés, avec tous les encouragements que l'on reçoit et avec chaque sourire qu'elle me donne, chaque baiser sincèrement donné et chaque "je t'aime", qu'ils soient écrits par sa petite main maladroite ou chuchoté dans mon oreille avec un câlin trop fort.

Je me sens malgré tout coupable. Parce qu'il y aura toujours une miette, quelque part dans mon cerveau et dans mon coeur, qui me dit que "et si j'avais su...", les choses auraient peut-être été différentes.

Après la dyspraxie, après le TDAH, après l'autisme, on se croyait bien parés à affronter la vie avec elle.
2013 nous amène encore sur un autre chemin.

Oui, c'est la même petite fille.
Mais laissez-moi pleurer celle qu'elle aurait dû être.
Laissez-moi crier l'injustice que tout tombe sur sa petite personne qui ne demandait qu'à vivre et être heureuse.
Laissez-moi me sentir écrasée par la lourdeur de sa vie et de mon inquiétude face à son avenir.

Laissez-moi pleurer de toutes les larmes de mon corps la petite fille de 10 ans que j'aurais dû avoir, mais que je n'ai pas.

Je l'attends. Impatiemment. Au retour de l'école...
Elle ne saura jamais pourquoi. Elle ne saura pas que mon câlin d'aujourd'hui ne sera pas comme les autres.
Aujourd'hui, je sais que c'est ma doudoune de 6 ans et demi que je serrerai dans mes bras, le plus fort que je peux, et jusqu'à ce qu'elle se détache.

C'est un câlin qui voudra tout dire.
Je t'aime.
Et je m'excuse.
Parce que si c'est la moindre miette de ma faute, je mettrai tout mon être à me faire pardonner jusqu'à la fin de mes jours...



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